9 juillet 2010 5 09 /07 /juillet /2010 13:40

 

ph050258.jpg

 

Dans l'entretien qui suit, Sergio Leone répond à trois questions fondamentales sur son film Il était une fois dans l'Ouest. (extraits tirés du livre Conversations avec Sergio Leone par Noël Simsolo - Éditions Stock - 1987).


Quelle était votre idée de base ?

Sergio Leone: Je voulais faire un ballet de morts en prenant comme matériau tous les mythes ordinaires du western traditionnel: le vengeur, le bandit romantique, le riche propriétaire, le criminel homme d'affaires et la putain. A partir de ces cinq symboles, je comptais montrer la naissance d'une nation.


il-etait-une-fois-dans-l-ii19-g-copie-1

Pour la première fois, une femme tient un rôle important dans votre œuvre...

Au début, Carlo Ponti m'a proposé Sophia Loren. C'est une comédienne que j'apprécie beaucoup, mais je ne la voyais pas incarner une putain de la Nouvelle-Orléans. Elle ne peut interpréter qu'une prostituée napolitaine ! Je préférais Claudia Cardinale. C'est une pied-noir de Tunis. Elle était crédible dans un personnage de française. Elle couche avec Frank pour sauver sa peau. Elle garde ses distances avec Harmonica puisqu'elle a compris qu'il était intouchable. Elle sent que Cheyenne est fou d'amour pour elle. Mais lui, il est déjà un homme mort. Il appartient à un monde qui disparaît à jamais. Il sait qu'elle vient de ce même monde et qu'elle appartient déjà au monde qui lui succède. Cette parabole recoupe tout le film.


 

4219238589

 

 

Pourquoi ce choix d'étirement du temps et de lenteur ?

A partir du moment où je faisais un ballet de morts, je montrais des personnages qui, en tant qu'archétypes, étaient destinés à périr. Et cela, parce que le progrès s'installe. Comme ils sont conscients qu'ils mourront à la fin du film, ils prennent tout leur temps pour s'étudier et se jauger. Ce jeu prend un poids réel car il incarne la force de survivre. Si Il était une fois dans l'Ouest a un aspect japonais, c'est aussi parce que les Orientaux ont cette philosophie par rapport à la mort. Il me faut donc cette lenteur qui est aussi  ma façon de faire, mon style... Si l'on voit Pour une poignée de dollars et Il était une fois dans l'Ouest, on a l'impression qu'ils sont faits par deux metteurs en scène différents. Ils n'ont pas la même cadence. Cependant, il y avait longtemps que j'avais envie de donner ce rythme à un film. Faire que les mouvements de caméra soient comme des caresses. Tonino Delli Colli, le directeur de la photographie, en était décontenancé. Il ne retrouvait plus le système du Bon, la Brute et le Truand. Pourtant, moi, je savais que, là, j'avais atteint mon véritable rythme.


 

4219238584.jpg

Partager cet article
Repost0
Published by Winslow - dans Entretiens

Winslow, Auteur Du Blog

  • : Filmmaker
  • : Avec ce blog cinéma, je voudrais proposer quelque chose d'un peu différent et en évitant le plus possible les critiques de films. Il me semble plus intéressant de parler des tournages ou des doubleurs français, par exemple.
  • Contact

MON BLOG SCENARISTE BD