6 novembre 2010 6 06 /11 /novembre /2010 10:45

 

Big Fish

 

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Ces passages sont extraits du livre Tim Burton, entretiens avec Mark Salisbury aux éditions Sonatine.

 

 

La fascination de Tim Burton pour les mythes et les contes populaires 


Big Fish parle de fables, de contes féeriques, de mythes et d'histoires folkloriques peuplés de nombreux archétypes (la sorcière, la sirène, le géant, le loup-garou, le cirque, la petite ville idéalisée) détournés par l'approche à nulle autre pareille de Burton.

Nous nous sommes reposés sur les images d'Épinal dans la mesure où, comme dans Jason et les Argonautes, elles véhiculent toutes sortes de symboles mythologiques. Mais c'était amusant, car chaque culture, chaque génération, transmute et adapte ces symboles à sa propre sensibilité. On peut décliner cent fois le thème de La Belle et la Bête, et sa nature universelle donnera cent résultats différents. J'ai toujours été fasciné par les mythes et les contes populaires. En devenant adulte, on finit par oublier que ces histoires, même à base de sorcières et de loups-garous, reposent sur une psychologie et des sentiments non dénués de réalité. Elles sont pour moi une porte d'entrée idéale pour explorer toutes sortes de sentiments, certes parfois surdimentionnés, mais souvent bien réels.

 

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La perception des choses

 

Big Fish sort en novembre 2003 aux États-Unis, sous une salve de critiques globalement enthousiastes. Si la majorité des journalistes jugent le film authentiquement poignant, certains lui reprochent un excès de sentimentalisme. D'autres croient bon de le considérer comme un changement de registre radical pour Burton, oubliant contre toute évidence le pathos et l'émotion qui irriguaient ses précédents films, que ce soit la bouleversante performance de Martin Landau dans Ed Wood ou celle de Johnny Depp dans Edward aux Mains d'Argent.

Ça me fait toujours un peu rigoler. « Personnalité sombre... Virage à 180°... Film beaucoup plus léger... Bla-bla-bla... » Mais je n'y pense pas trop. C'est d'ailleurs le sujet même de Big Fish: la perception des choses, ce qui est réel, ce qui ne l'est pas.


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2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 18:28

 

Edward aux Mains d'Argent

 

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Ces passages sont extraits du livre Tim Burton, entretiens avec Mark Salisbury aux éditions Sonatine.


La Revanche de Tim Burton sur les crétins de son lycée

 

Pour les beaux yeux d'Edward, Kim quitte Jim, son petit ami officiel, un fort en gym, interprété par Anthony Michael Hall. Pour beaucoup, cet épisode constitue une revanche de Burton sur tous les petits fiers-à-bras qu'il a croisés à l'école.

Ces types me laissaient pantois. Je songeais: « Et ce sont ces types-là qui ont toutes les filles ! Et ce sont ces gars-là qui nous représentent, alors que ce sont de vrais psychopathes ! Si elle reste avec lui, ils se marieront après le bac, et elle finira immanquablement en femme battue. » Je sentais qu'il y aurait des revers de fortune. Et quand, il y a quelques temps, je me suis rendu à une réunion d'anciens élèves de mon lycée, j'ai constaté que mon pressentiment avait été juste – même en dessous de la réalité. Tous les élèves considérés comme des éléments marginaux et qui, de ce fait, avaient souvent été de véritables souffre-douleur – en tout cas, bien plus que moi, qu'on plaçait simplement dans la catégorie des taciturnes –, eh bien, tous ces individus s'étaient remarquablement intégrés dans la vie. Ils étaient devenus séduisants – et je ne parle pas seulement de beauté physique, mais de rayonnement –, alors que les autres, les délégués, les forts en gym, avaient perdu toute leur aura. Les souffre-douleur, qui n'avaient pu compter que sur eux-mêmes, qui n'avaient ni l'appui de la société, ni celui de la culture, ni celui de la hiérarchie, avaient tout fait pour être acceptés par les autres.

 

 

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Certains spectateurs estiment que le meurtre de Jim constitue une fausse note dans le film.

Je pense que j'ai dû satisfaire là un fantasme de vengeance qui remontait à la fac ou au lycée. Je crois que ça m'a fait du bien.

 

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Il n'existe que cinq structures de récits différentes

 

L'amour entre Edward et Kim, qui se révèle finalement être un amour impossible, peut d'autant plus faire songer à La Belle et la Bête. Le film reprend aussi le principe du prologue et de l'épilogue typique du conte de fées, Winona Ryder contant à sa petite-fille l'histoire d'Edward.

Il y a des structures classiques auxquelles on ne peut échapper. Quelqu'un a dit qu'il y avait en tout et pour tout cinq structures de récits différentes: eh bien, Edward correspond à l'une d'elles. J'étais parfaitement conscient que j'utilisais là un procédé déjà rencontré dans mille autres films, dont de nombreux films d'horreur, je ne me suis pas étendu dessus mais c'est une variation qui faisait forcément partie du thème. 

 

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9 juillet 2010 5 09 /07 /juillet /2010 13:40

 

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Dans l'entretien qui suit, Sergio Leone répond à trois questions fondamentales sur son film Il était une fois dans l'Ouest. (extraits tirés du livre Conversations avec Sergio Leone par Noël Simsolo - Éditions Stock - 1987).


Quelle était votre idée de base ?

Sergio Leone: Je voulais faire un ballet de morts en prenant comme matériau tous les mythes ordinaires du western traditionnel: le vengeur, le bandit romantique, le riche propriétaire, le criminel homme d'affaires et la putain. A partir de ces cinq symboles, je comptais montrer la naissance d'une nation.


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Pour la première fois, une femme tient un rôle important dans votre œuvre...

Au début, Carlo Ponti m'a proposé Sophia Loren. C'est une comédienne que j'apprécie beaucoup, mais je ne la voyais pas incarner une putain de la Nouvelle-Orléans. Elle ne peut interpréter qu'une prostituée napolitaine ! Je préférais Claudia Cardinale. C'est une pied-noir de Tunis. Elle était crédible dans un personnage de française. Elle couche avec Frank pour sauver sa peau. Elle garde ses distances avec Harmonica puisqu'elle a compris qu'il était intouchable. Elle sent que Cheyenne est fou d'amour pour elle. Mais lui, il est déjà un homme mort. Il appartient à un monde qui disparaît à jamais. Il sait qu'elle vient de ce même monde et qu'elle appartient déjà au monde qui lui succède. Cette parabole recoupe tout le film.


 

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Pourquoi ce choix d'étirement du temps et de lenteur ?

A partir du moment où je faisais un ballet de morts, je montrais des personnages qui, en tant qu'archétypes, étaient destinés à périr. Et cela, parce que le progrès s'installe. Comme ils sont conscients qu'ils mourront à la fin du film, ils prennent tout leur temps pour s'étudier et se jauger. Ce jeu prend un poids réel car il incarne la force de survivre. Si Il était une fois dans l'Ouest a un aspect japonais, c'est aussi parce que les Orientaux ont cette philosophie par rapport à la mort. Il me faut donc cette lenteur qui est aussi  ma façon de faire, mon style... Si l'on voit Pour une poignée de dollars et Il était une fois dans l'Ouest, on a l'impression qu'ils sont faits par deux metteurs en scène différents. Ils n'ont pas la même cadence. Cependant, il y avait longtemps que j'avais envie de donner ce rythme à un film. Faire que les mouvements de caméra soient comme des caresses. Tonino Delli Colli, le directeur de la photographie, en était décontenancé. Il ne retrouvait plus le système du Bon, la Brute et le Truand. Pourtant, moi, je savais que, là, j'avais atteint mon véritable rythme.


 

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27 juin 2010 7 27 /06 /juin /2010 19:27

 

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On a souvent reproché à Indiana Jones et le Temple Maudit son côté trop violent pour un film tous publics. C'est d'ailleurs en grande partie à cause de ce reproche que Steven Spielberg et George Lucas décidèrent de concevoir un troisième épisode plus léger, sans violence et avec beaucoup d'humour. Etait-ce la meilleure solution ? Pas forcément. Car, au final, Indiana Jones et la Dernière Croisade est plus une comédie qu'un vrai film d'aventure. En outre, une comédie proche des films de Gérard Oury comme la Grande Vadrouille ou l'As des as alors qu'il aurait été préférable de s'inspirer des comédies de John Ford et d'Howard Hawks comme ce fut le cas pour les deux premiers films de la série. Quant au Royaume du Crâne de Cristal, ce quatrième opus des aventures d'Indy est tellement catastrophique que j'en parlerai ultérieurement.

 

Au sujet de la violence du Temple Maudit, les scénaristes du film, Willard Huyck et Gloria Katz, s'expliquent dans un entretien publié dans l'Ecran Fantastique n°48 en septembre 1984.

 

 

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Les scénaristes d'Indiana Jones et le Temple Maudit

 


Pensez-vous que si vous deviez, maintenant que vous avez un enfant, récrire Indiana Jones et le Temple Maudit, vous l'écririez autrement ?

G.K: Non, parce que je pense sincèrement que c'est aux parents qu'il appartient de décider si un film est trop violent pour leurs enfants ou non. Il me semble que je n'ammènerais pas un enfant de moins de huit ou dix ans voir le film, mais après tout, les enfants ne sont plus ce qu'ils étaient... Et je trouve que l'on voit beaucoup plus de scènes de violence à la télévision que dans ce film. Il y a, par ailleurs, chez les enfants, ce besoin de se faire peur. Ils adorent ça, je crois. Personnellement, j'ai horreur des films sanglants. Mais pour moi, le Temple Maudit ne se déroulant pas dans un contexte réaliste, la violence s'y exprime d'une façon toute différente. Rien à voir avec la violence quotidienne. C'est pour ainsi dire un conte de fées, et les contes de fées n'ont jamais été aseptisés.


Sans compter que la notion de rédemption n'a plus de sens s'il n'y a pas d'épreuve...

G.K: Exactement. Loin de nous l'intention d'exploiter la vogue actuelle de la violence. Ce n'est jamais gratuit dans le film. Nous nous sommes tout simplement efforcés de donner une certaine réalité à un culte maléfique.

 

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Que pensez-vous, alors, des commentaires de la presse, qui ont taxé le Temple Maudit de « complaisance dans la violence » ?

W.H: Je crois que les critiques ont fait l'amalgame entre la violence et l'atmosphère sombre, étouffante, du Temple Maudit. Dès que les héros y pénètrent, le ton du film change radicalement et je pense que c'est l'atmosphère dans laquelle se déroulent les quelques scènes un peu violentes qui leur ont fait dire qu'elles étaient très dures. Mais c'était très précisément l'intention de Steven, de faire un film qui s'inspirait davantage de la maison hantée de Disneyland que de la promenade dans la jungle dont relevait plutôt le premier film. Il me semble que c'est ce qui accentue la violence. Pour moi, la scène du cœur arraché, qui est éminemment violente du point de vue des idées, perd de son impact par le seul fait que la victime est toujours consciente et suit les événements de ses propres yeux. Je me demande si les parents ne réagissent pas plus fortement que leurs enfants à ce spectacle. Encore que j'aie entendu dire que certains enfants avaient été impressionnés.

 

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G.K: Ceux dont j'ai entendu parler n'avaient pas été impressionnés le moins du monde ! Il s'agit là d'une violence de conte de fées, comme quand on met ses mains devant les yeux pour regarder un film quand on est petit. J'ai vu tellement de films infiniment plus épouvantables que je trouve qu'on nous fait là un procès injuste.

 

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W.H: Il me semble que, plus que les images, c'est l'idée des enfants que l'on fouette qui a frappé les gens, parce qu'en réalité, quand on observe bien le film, on voit peut-être des enfants recevoir des coups de fouets, mais dans les plans d'ensemble, jamais en gros plan et parfois même hors champ.

G.K: Enfin puisque nous avions besoin d'un « méchant », il fallait bien qu'il fasse de méchantes choses ! Nous ne pouvions pas nous contenter de lui faire dire: « c'est moi le méchant du film, avec un M majuscule ! » Les nazis, c'était plus facile: pas besoin de montrer leurs crimes, on sait qu'un nazi, c'est très, très méchant. Alors que là... Nous ne pouvions pas, non plus, nous contenter d'un méchant de pacotille. Il fallait pour ainsi dire faire toucher sa méchanceté du doigt pour rendre la fable convaincante.


Nous avons trouvé que la violence était tempérée par le changement d'attitude d'Indy...

G.K: Je suis d'accord avec vous. On nous a aussi reproché d'avoir fait un film pessimiste, d'où l'humour était absent à partir d'un certain moment. A cela je répondrais que nous ne pouvions pas passer notre temps à faire échanger des plaisanteries fines aux personnages. Ç'aurait été au détriment du film. Nous nous sommes efforcés, au contraire, de rendre crédible ce culte maléfique parfaitement invraisemblable. Y ajouter des notations humoristiques aurait tout gâché.

W.H: D'ailleurs, la séquence dans laquelle Indiana est possédé est celle que Harrison Ford et Steven Spielberg attendaient avec la plus grande impatience parce qu'elle révèle un aspect inédit de la personnalité du héros.

 

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Winslow, Auteur Du Blog

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